A chacun son Everest. Voici le mien : terminer l’IRONMAN de Vichy. Voici mon retour d’expérience. Bonne lecture aux courageux
Après une nuit bien agitée où je ne cesse de me refaire le film dans la tête, je dors à peine 2h. Le réveil sonne à 4h15 et nous partons en famille pour être à 5h30 sur place. Je rentre dans le parc à vélo.
EPREUVE n°1 : 3,8 km de Natation dans l’Allier
Le speaker annonce assez tôt que la combinaison néoprène est interdite comme prévu la veille. L’eau est mesurée à 25,4° (limite autorisée à 24,6°). De toute façon, je ne l’avais même pas prise et j’aime autant nager sans gêne.
Je me cale dans le sas 1h03-1h07. Ma cible réelle est d’ 1h10, temps réalisé en piscine de 25m, mais il paraît que c’est mieux de partir avec des plus forts que soi, mais pas trop quand même histoire d’éviter les coups.
Le départ s’effectue en Rolling Start : 3 concurrents toutes les 4 secondes. C’est vraiment extra ! Pas de « machine à laver ».
Je pars tranquillement. Je trouve très vite ma nage et j’allonge les bras pour pousser fort mais sans fatigue. Les entraînements paient et j’avance tranquillement sans me faire doubler : bon signe !
L’ eau est vraiment opaque et c’est très difficile de nager droit. On ne voit pas les pieds du gars devant à moins de 10cm. Difficile de nager dans l’aspiration. Je dois lever la tête tous les 4 mouvements de bras pour tenter de conserver ma trajectoire.
Le 1er tour de 1,9 km est bouclé en 38 min, plus lent que prévu, mais je ne m’affole pas. Je fais le second tour encore plus tranquillement. J’ai quelques douleurs en bas du dos mais rien de grave. Je gère pour finir en 1h21 au lieu des 1h10 prévus. Sans combinaison, pas de miracle et je termine à la 404ème place. Mon GPS me donne 4,1km en tout.
Transition 1 :
Un amis m’avait conseillé pour un 1er IRONMAN de prendre mon temps et de me changer pour mettre une tenue adaptée à chaque épreuve. Je prends donc bien le temps d’enfiler mon cuissard vélo et le maillot du club ECFTR – Résilience Club « kNOw LIMITS ». Total : 7min53
EPREUVE N°2 : 180km de vélo
Je prends le départ et la bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a pas de soleil. Il pleut même. La route est glissante donc je pars tranquillement. Et surprise, sans forcer, mon GPS affiche près de 33km/h de moyenne ! Ouch… Je regarde le coeur : 80% du max en moyenne. C’est trop et je commence à me projeter sur le marathon. On va calmer le jeu et je tente de ne pas tomber dans mon piège habituel de partir trop fort trop vite.
Je prends un gel APTONIA 700 tous les 30km (5 en tout). Tout va bien mais le piège se tend, doucement…
Je commence à gérer une décélération progressive de la moyenne cardio qui baisse comme il faut : 79% puis 78 jusqu’à 75% ma cible. Le parcours est bien plat comme prévu : je fais tout « sur la plaque » ( grand plateau) sans jamais forcer et je ne me fais rattraper que par des grosses fusées au taquet.
Fin du 1er tour je vois mes supporters. Déjà !!! Ca passe très vite ! Ils sont là grâce à la super application Ironman qui envoie des alertes en temps réel avec les temps de passage. Mais pas de trace de mon sac de transition spécial vélo mais je ne vais le réaliser que vers le km 110 … Trop tard. Rien à se mettre sous la dent. Le piège se tend de plus en plus… 1ère boucle achevée à 32km/h de moyenne. J’ai pris suffisamment d’avance sur mon timing idéal et j’ai rattrapé le retard pris sur la natation sans combinaison. Je surveille mon cardio pour atteindre les 75% et je me calme sur le 2d tour. C’est plus dur vers les 140km et les douleurs apparaissent. Vivement que ça se termine … Un ami me rattrape au km 150. J’entends « vas-y mon poulain » qui me réconforte. C’est bien lui. Je pensais qu’il m’aurait rattrapé bien avant mais il a eu des soucis mécaniques. La moyenne chute à 29,9 à quelques km de l’arrivée vélo : pas question ! J’accélère sur la fin qui est plus rapide, en descente heureusement. Je termine le vélo satisfait avec mon objectif atteint des 30km/h de moyenne et pas rincé. L’entraînement a payé !!!
Transition 2 : re-a poil et changement complet de tenue. 12min 21 : oups… Le stress de débuter ce fameux Marathon, totalement inconnu pour moi ?
EPREUVE N°3 : 42,5km de course à pieds
Je me lance très tranquillement. Je me cale sur un rythme à 6min30 / 7 min au km. Le 1er tour est parfait. Mes supporters sont là et j’avance bien ! Au second tour, je me cale sur un concurrent du Club Poissy triathlon que je suis depuis plusieurs km. On échange et il a la même cible. Go ! On fait route ensemble. Tout va bien jusqu’à la fin du 2d tour. 21km achevés en un peu plus de 2H. Nickel ! Je me sens bien.
Et au km 22, c’est le trou noir. Plus de jus et un immense point de côté m’empêche d’avancer en courant. Je peux marcher au mieux. Je dois faire une pause technique au km 28 pour tenter de me soulager mais rien n’y fait.
En fait de point de côté, je réalise que je subis une magnifique crise de foie comme un autre concurrent en galère à mes côtés. Trop de sucre ingurgité avec tous ces gels. La solution : boire un maximum de Vichy st Yorre (la boisson locale miraculeuse) et avaler le plus de gâteaux Tuc salés mais ça ne repart pas… disons, pas immédiatement. Je m’allonge 2 fois dans le parc à l’ombre pour tenter de récupérer un peu. Il fait 34° en plein soleil mais le public aide beaucoup pour repartir. Je termine mon tour au ralenti mais le dernier bracelet ROUGE est enfin autour de mon bras !!! Pus que 10,5km et c’est gagné. Je décide de marcher rapidement et de ne rien lâcher. Objectif : FINISHER. Mais après un rapide calcul, je réalise qu’il ne faudra pas traîner quand même pour finir en moins de 14h. La Target idéale de 12h est définitivement perdue.
À 5km de l’arrivée je vois Anne so qui est venue à ma rencontre et qui m’encourage de toutes ses forces et qui marche et coure à mes côtés : génial !!! On commence aussi à entendre au loin le speaker crier le prénom du participant qui termine suivi d’un « YOU ARE AN IRONNNMMMMMAAAANNNNNNN!!!!! » pour ceux qui le terminent pour la 1ère fois. Un participant me motive pour finir les 400 derniers mètres en courant et j’y arrive contre toute attente. Le mental… A croire que je n’ai plus mal nul part : incroyable. Porté par le public, j’oublie d’attendre AnneSo qui m’avait supporté et aidé toute la journée. Mais je vois Elise et Vincent juste avant de franchir la ligne et Richard qui me fait des grands signes mais Anne so n’est pas là. Elle n’a pas du le temps de rejoindre l’arche d’arrivée Avec du recul ce sera mon seul regret de la journée. Je franchis la ligne avec un immense sourire de soulagement. C’est fait ! Je suis un IRONMAN. Qui l’eut cru ???
À refaire ? À chaud non. Je suis calmé et j’ai le sentiment d’avoir atteint mon maximum. Rappelons nous que j’ai débuté le triathlon il n’y a que 3 ans et que je pesais encore 142kg en juin 2013… J’ai maintenant un temps de référence. Tout est possible avec de l’entraînement. Je sais que je peux faire mieux, beaucoup mieux…. donc oui je vais le refaire
En chiffres :
3,8km de nage + 180km de vélo + 42,2 km de course à pieds. 100.000 pas sur la journée. 4 barres de céréales : trop peu. 8 gels aptonia 700 : beaucoup trop et surtout beaucoup trop tôt : il faillait les prendre en course à pieds pas avant !!! 0 crampe : super ! 86,4kg sur la balance mardi matin soit presque 3kg en moins sur la balance. 13h43 min d’effort (mon record absolu). 974ème au général et 153ème dans ma classe d’âge (anecdotique). Plus de 500 photos : merci Elise ! Près de 500 abandons.
Merci à tous les bénévoles au top. J’ai acquis beaucoup d’expérience et j’ai pris beaucoup de plaisir tout au long de l’épreuve même dans les temps durs. Il ne faut pas oublier la 4ème discipline du triathlon : l’alimentation et l’hydratation. Il faut avouer que courir son 1er marathon en pleine canicule par 34 degrés c’était un peu de la folie…
[…] mes barres de céréales. Pas de gel pour éviter la crise de foie (cf mauvaise expérience de Vichy en 2017). Mon Cervelo R5 fait des miracles et tout va très bien jusque dans le 2ème col de la journée. […]